SOUVENIRS
J’ai le souvenir d’un regret - évaporé par le temps - qui me revient dans la nuit; énigme par énigme, rêve par rêve. J’ai peur de m’en souvenir, car le temps - qui a arrondit les coins aigus de ma douleur - risque de m’étouffer : comme la brume dans une nuit sans lune, silencieuse et belle - hélas mortelle. J’essaye d’effacer la douleur de ma mémoire: d’oublier mes souvenirs, d’oublier mes regrets – car il me faut vivre. Et je ne peu vivre avec cette corde de chagrin qui se resserre, petit a petit, jour par jour, m’étouffant comme un cordon ombilical mal placé. Donc, je me réinvente de nouveaux souvenirs. Je me tisse une nouvelle réalité. Une réalité de joies et de bonheurs. Que cette réalité soit une illusion ? Peut-être, mais elle est la mienne: et je décide des souvenirs qui se graveront dans ma mémoires – goutte par goutte, perle par perle. Perles de sagesse, perles de souvenirs, moments mystérieux et autres cadeaux de la vie. Je les reçois, je les accepte. Je laisse infuser mon âme de ces parfums d’émotions et de sensations. Je vis – j’ai mal – je suis heureuse – je guéris et je fais la paix avec moi-même et la paix avec mes ancêtres, mes regrets et mes démons. J’arrête de vivre dans la nostalgie du potentiel d’un passé non réalisé. Je pardonne mon passé et mon future. Je vis dans le présent. Je prends le temps d’atterrir dans mon corps et le temps de me poser. J’intègre. Vision de silence, page blanche de mon destin: je fais la paix avec moi-même. Je ne poursuis plus l’horizon et j’écris ma vie avec mes propres paroles. Comme un papillon qui ne pleure pas sa métamorphose ; je me transforme, prête à affronter les saveurs d’expériences délicieuses, de beauté et d ‘amours à venir. J’aménage cette nouvelle réalité et cette nouvelle liberté. Je ne survis plus car maintenant : je vis.
--Delphine Lippens | November 4, 2009